vendredi 15 février 2013

Dossier d'anthropologie: Astérix chez les Bretons

Avant propos: Il s'agit d'un dossier réalisé en introduction à l'anthropologie, dans le cadre de mes études. Avis personnel, description de l’œuvre et comparaisons avec des notions clés d'anthropologie constituent ce bref dossier.


Astérix chez les Bretons
GOSCINNY René – UDERZO Albert. Hachette, 1970.


Introduction

  Lorsque j'ai su qu'il fallait choisir un document racontant un voyage, j'ai tout de suite pensé à la bande dessinée Le tour de Gaule d'Astérix. En effet, les aventures du petit Gaulois me passionnent depuis ma petite enfance, au point qu'Astérix est aujourd'hui le principal thème de mes nombreuses collections. Mais le problème avec  Le tour de Gaule d'Astérix, c'est que le voyage se limitait au passage très rapide dans une dizaine de ville «  gauloises  », avec peu d'échange, quasiment aucune différence de culture. J'ai donc opté pour l'un des nombreux voyages dans un territoire étranger, et au bout de quelques hésitations j'ai choisi le huitième album de la série: Astérix chez les Bretons. Mais pourquoi préférer cet album à un autre narrant des aventures dans des contrées lointaines  ?
Tout d'abord, l'album est d'actualité avec la sortie le 17 octobre 2012 du quatrième volet, Astérix et Obélix au service de sa Majesté, inspiré de cet album. Ensuite, il m'a semblé intéressent de prendre pour exemple cette histoire se déroulant chez nos voisins britanniques, qui sont à la fois si proches de nous habitants français, tout en étant très différents. Des liens historiques unissent nos pays respectifs, que ce soit militairement, politiquement, économiquement ou culturellement, pourtant, nombreuses ont été (et sont encore) les comparaisons avec leur lots de préjugés et d'idées reçues. Je me suis donc dit qu'il serait adéquat d'utiliser cette bande dessinée et  la quantité d'anachronismes qui la composent (et qui caractérisent aussi ses auteurs) afin de tenter d'analyser les réactions que l'on peut avoir lorsque l'on voyage dans un pays voisin.


Résumé

Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ, Jules César et ses troupes envahissent la Bretagne. Le succès de cette conquête est total. Cependant, un petit village résiste encore à l'envahisseur. Cela n'est pas sans rappeler un homologue armoricain bien connu par César pour résister encore et toujours aux légions romaines grâce à la potion magique. L'un des villageois bretons, Jolitorax, décide d'aller demander de l'aide à son cousin germain Astérix, l'un des irréductibles gaulois.
Sa demande est acceptée, le village gaulois décide d'envoyer un tonneau de potion magique, ainsi qu' Astérix, Obélix (et Idéfix le chien) pour accompagner Jolitorax jusqu'à son village.
Le voyage ne se fait pas sans mal, les Romains l’apprennent et vont tout faire pour empêcher nos aventuriers d'amener la potion magique jusqu'au village breton. Nos héros se retrouvent alors poursuivis par tous les légionnaires de l’île, et, dans leur fuite, perdent la potion magique. Ils se lancent donc à la recherche du précieux tonneau.
C'est ainsi qu'ils vont découvrir diverses facettes de la culture britannique, telles que le caractère, l'alimentation, le langage, le rythme de travail, ou encore le sport.


Notions clés

1) Le socle épistémologique
  On peut définir le socle épistémologique d'un individu comme étant l'ensemble des éléments qui vont influencer, encadrer, et diriger sa façon de penser. Parmi ces éléments on peut trouver les croyances de l'époque contemporaine à l'individu, le contexte historique, ou encore la langue. Ainsi, connaître le socle épistémologique de quelqu'un ou d'un peuple permet de comprendre les différences et d'identifier leurs origines.
Dans Astérix chez les Bretons, la première confrontation de socles épistémologiques se manifeste lors des combats entre Bretons et Romains. À 17 heures, alors qu'ils sont en plein combat contre les Romains, les Bretons quittent le champs de bataille. La réaction des romains mélange interrogations et exclamations. Ils ne comprennent pas l'origine de l’arrêt des hostilités, ils s'en offusque en précisant que «  ça ne se fait pas  ». La raison qui motive les Bretons, et qui selon la narration explique leur défaite, est la coutume journalière qui consiste à «  boire de l'eau chaude  ». Une scène similaire se passe avec l'arrêt des combats 2 jours tous les 5 jours, pour cause de «  fin de semaine  ». On voit donc que les coutumes bretonnes, leurs habitudes et leurs styles de vies qu'ils estiment totalement normales, sont incomprises et choquent même les légionnaires, qui le prennent comme un manque de respect. À l'inverse, lorsque César décide par stratégie d'attaquer uniquement vers 17 heures et les jours de repos, cela est pris par les Bretons comme un manque de politesse.
Un autre aspect qui montre les différents socles épistémologiques est le langage breton, véritable fil-rouge de l'album. Si l'on passe outre le fait que tous les dialogues sont écrits dans une même langue et qu'il n'y a pas de barrière de langue (et donc pas besoin de traduction) entre Bretons, Gaulois et Romains, on remarque qu'il subsiste des spécificités de langage. En effet, les phrases bretonnes ne sont pas formulées dans le même sens que celles des Gaulois, ce qui à pour conséquence la création  de quelques malentendu et quiproquos sur les attentes de chacun.

2) Les stéréotypes
  Les stéréotypes sont des idées toutes faites, des clichés. Ils reposent sur la sélection de quelques traits rudimentaires, et sur leurs simplifications (voir leurs caricatures), et ensuite leur généralisation. Ils s'accompagnes souvent de préjugés, des idées préconçue que l'on a de quelqu'un avant même de le connaître.
Les stéréotypes sont monnaie courante dans l’œuvre de Goscinny et d'Uderzo, on peut même dire qu'il s'agit d'une de leurs marques de fabriques. Mais ce qui distingue ces auteurs c'est de mêler stéréotypes et préjugés sous formes d'anachronismes, dans un but humoristique. C'est ainsi que l'on retrouve toute une panoplie de références liées à la culture et aux coutumes bretonnes. La tradition de «  l'eau chaude, avec son nuage de lait  » (qui deviendra plus tard du thé, telle que la fin de l'album le laisse penser) en est une des plus représentatives, mais ce n'est pas la seule. On peut lire l’existence d'un projet de construction d'un tunnel sous la mer permettant de lier la Gaulle et la Bretagne. À noter aussi, la présence constante de la pluie, du brouillard, d'omnibus, des futurs parapluies et d'une parodie des Beatles, qui nous sont directement destinés à nous lecteurs, en tant que symboles britanniques.  La fierté des Bretons pour les gazons, qui frôlent la perfection, fait clairement référence aux jardins «  à l'anglaise  ». On retrouve des éléments côté sport, avec les prémices du rugby, et la Calédonie région spécialisé dans l'aviron est les sports de rames en général.
On peut donc considérer que la majorités des stéréotypes employés n'ont d'autres but que de symboliser de manière humoristique l'Angleterre telle que nous la connaissons aujourd'hui.

3) L'ethnocentrisme
  L'ethnocentrisme est définit comme étant constitué de 3 mécanismes. Chaque procéssus entraine la valorisation de son groupe, oriente et influence la connaissance que l'on porte sur l'autre (individu ou groupe). L'identification à son groupe répond au besoin de se sécuriser. La projection consiste a attribuer ses propres caractéristiques positives ou négatives aux autres. L'évalutation des autres s'efectue à l'aide de critères, mesures ou techniques élaborés par soi même ou par son groupe.
Ici, Astérix chez les Bretons nous amène à nous intéresser au point de vue que les Français portent sur les Anglais et aux relations que nos deux pays entretiennent, et comment se caractérise l'ethnocentrisme de chacun.
L’Angleterre à beau se trouver à quelques dizaines de kilomètres de la France, sa représentation au sein de monde n'en est pas moins différente. Si le Royaume-Unis est composé de différentes nations, il est aussi composé d'îles. Ce point est cruciale, car il donne une spécificité propre aux insulaires, un sentiment de différence qui doit être pris en compte des les rencontres de cultures (tout comme pour la Corse ou le Japon). Au fil de l'histoire, nos pays ont connus des guerres successives alternées de périodes de paix, voir d'alliance. Cette relation conflictuelle n'est pas à négligé dans la prise en compte de nos ressentiments respectifs, car si nos histoires sont liées, de la haine et de la rancœur existent encore dans nos souvenirs.
On dit souvent que les Anglais font le contraire de ce que font les autres, par exemple rouler à gauche. Mais cela ne reste qu'un point de vue subjectif, qui est surtout aidé par le fait que ce qui est différent de nous est plus facilement médiatisé et que ce qui est similaire est oublié.


Conclusion

  Astérix chez les Bretons, à l'instar des autres voyages aventuriers du héros, n'en est pas moins dénué de sens et de références culturelles. J'oserais même dire qu'il a contribué à me poser des questions étant plus jeunes, sur la barrières des langues, sur les difficultés de compréhensions et les problèmes que cela pouvait avoir au niveau tant politique que militaire. Cette bande dessinée permet aussi de prendre conscience que l'on peut être très proches tout en étant différent, et que beaucoup de critères invisibles sont à prendre en compte lorsque l'on étudie un peuple ou une nation étrangère.


Jergame - janvier 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire