Il y a quelques jours j'ai été
cherché mon diplôme, quasiment trois ans après celui du Bac.
Me voilà donc officiellement licencié.
Autrement dit, me voilà désormais possesseur d'une Licence. Qui
l'aurait cru ?
Certainement pas plusieurs de mes
professeurs du lycée, notamment en Terminale. J'entends encore ma
prof de math (également prof principale) me dire qu'il vaudrait
peut-être mieux que je me dirige vers un BTS plutôt qu'une licence,
car elle ne me voyait pas dans un amphi devant plusieurs centaines de
personnes. Il faut avouer, pour sa défense, que mes résultats
scolaires de terminale, et plus globalement du lycée, ne jouaient
pas en ma faveur. Des résultats justes, voire insuffisants.
Je ne lui en veux pas. Ses conseils
étaient plutôt avisés, surtout lorsque l'on sait que 1/3 des
étudiants en L1 ne finissent pas leur année. Selon mon dossier
scolaire, j'avais de grandes « chances » de foncer droit
dans le mur, comme beaucoup d'autres. Sauf que voilà, je ne suis pas
comme les autres et il faut croire que mon profil correspondait bien
à cette licence si particulière.
Être licencié c'est à la fois une
délivrance une revanche.
Au lycée, ma scolarité fut très
difficile, et redoubler la seconde m'a plus apporté un soutien d'un
point de vue social que d'un point de vue scolaire. Faire le choix de
poursuivre mes études alors même que je n'étais pas sûr d'obtenir
le Bac n'a pas été évident. Plus tard, penser qu'on m'avait
« donné » le bac parce que mon attitude en cours
comblait mon faible niveau scolaire ne m'a pas aidé à me rassurer.
Bien au contraire, plus la rentrée universitaire approchait, plus
les doutes et inquiétudes redoublaient d'intensité. Le fait d'avoir
obtenu cette licence est un grand soulagement. Cela prouve que j'ai
réussi mes études et cela me rassure dans mes choix. De plus, c'est
en quelque sorte une revanche par rapport à mes résultats
scolaires, surtout lorsqu'en licence je multiplie par 2 ou par 3
certaines moyennes que j'avais pu avoir au lycée. C'est un beau pied
de nez à ceux qui ne me faisaient pas confiance, et un réconfort
dans mes capacités.
Être licencié est une fierté, un
honneur même.
C'est une fierté d'avoir un niveau
d'études supérieur à celui de ses parents, cela donne le sentiment
que l'on peut répondre à leur espérance commune de « mieux
réussir » qu'eux. De la même façon, c'est aussi un honneur
de continuer ses études plus longtemps que tous les membres de sa
famille proche. Rien ne me prédestinait à atteindre ce niveau
d'étude. Je suis fier de mon « Bac + 3 », même si il me
paraît parfois invraisemblable, et je suis honoré de poursuivre
encore plus loin mes études.
Être licencié, c'est une
reconnaissance et une récompense.
Plus précisément, c'est
l'aboutissement de 3 ans d'études dans diverses branches des
sciences humaines, et donc la reconnaissance d'un ensemble de savoir
et compétences. Cette licence m'a permit d’acquérir un bagage
culturel, un groupement de connaissances allant de l’anthropologie
et la sociologie, en passant par la linguistique, la psychologie et
diverses autres disciplines du champs des sciences humaines. La
récompense à tout cela c'est en quelque sorte l'assurance d'être
écouté et reconnu dans certains domaines. Non seulement j'ai acquis
dans le fond des concepts et notions plutôt spécifiques, mais cette
licence m'offre aussi de par sa forme une légitimité universitaire.
Maintenant, il ne me reste plus qu'à
encore (et toujours?) poursuivre mes études, tout en m'impliquant
dans certains débats de société sans avoir à me soucier d'un
manque de capacité, de confiance en moi, de connaissances, ou même
d'éventuelles remises en causes de mon cursus.
Jergame - Novembre 2015