Avant-propos : Brèves d'Actu est
un nouveau concept dans lequel je vais tâcher de reprendre un sujet
d'actualité qui me tient à cœur en le commentant et si nécessaire
en le critiquant. Mon propos ne sera pas spécialement structuré, et
le développement sera limité. Afin de permettre la brièveté et la
régularité de ce type d'article, je fais le choix de ne pas faire
de recherches approfondies et de ne pas citer les éventuelles
déclarations des différents protagonistes. L'idée ici n'est pas de
fournir un argumentaire très fourni, mais plutôt de mettre en
avant, de manière claire et synthétique, les idées et/ou les
incohérences du sujet abordé telles qu'elles m'ont interpellé.
Menus de substitutions:
mesure de subdivisions ?
Depuis quelques jours une question de
nourriture est au menu des médias et des politiciens, mais y-en
a-t-il vraiment de quoi faire tout un plat ?
L'idée qui fait débat n'est pourtant
pas nouvelle, elle avait d'ailleurs déjà refait surface il y a
quelques mois, notamment suite aux élections municipales de mars
2014.
Concrètement, les repas de
substitutions proposés dans les cantines sont remis en causes,
principalement par des maires et des politiques plus ou moins connus.
Mais qu'est-ce qu'un menu de
substitution ?
Il s'agit de menus offrant une
alternative au contenu du plat principal, et plus particulièrement
au niveau de la viande. Dans les faits, du bœuf, du poisson ou
encore de l'agneau sont proposés à la place du porc.
Alors pourquoi vouloir retirer les
plats de substitution ?
Les arguments avancés sont plutôt
simples : les collectivités territoriales n'auraient pas à
adapter les menus de leurs cantines selon les coutumes, les cultures
et les pratiques religieuses des enfants d'autant plus au sein de
l'école laïque, surtout que ces menus représentent un coût pour
les collectivités territoriales.
Sauf que derrière ces propos
d’apparence logiques se cachent incohérences et sous-entendus.
Dans un premier temps, la laïcité,
c'est bien beau comme argument, mais c'est quoi déjà ?
La
laïcité c'est tout simplement d'autoriser tout à chacun d'avoir la
religion qu'il souhaite et de pouvoir la pratiquer, ce n'est en aucun
cas d'interdire les religions (on ne parlera ici pas du port des
signes religieux distinctifs dans les écoles).
Or, si l'on refuse les menus sans-porc
sous prétexte de laïcité, que dire du traditionnel et omniprésent
poisson dans les assiettes du vendredi ? N'est-ce pas tout droit
issu de la pratique chrétienne ? Alors comment autoriser, pour ne pas dire sanctuariser, un rituel religieux d'un
côté tout en empêchant le respect d'une croyance de l'autre ?
Maintenant, voyons une autre approche.
Sans entrer dans le débat des sensibilités politiques des responsables ayant fait
ces propositions, qui est potentiellement visé ? Quelle
population serait victime de la fin des plats sans-porcs, à première
vue ? À l'approche des élections, la tentation de récupérer
des voix en jouant sur la peur de l'étranger et sur les avantages
sociaux auxquels ces derniers auraient droit est grande...
(comprendre : « regardez, ces étrangers font changer
le menu de la cantine de vos enfants sous prétexte de leur religion,
je propose d'y mettre fin, votez pour moi ! »).
Comme je
l'ai dit plus haut, la focalisation se fait sur un aspect spécifique
des menus, on peut légitimement se demander pourquoi un tel discours
n'est pas tenu à propos du poisson du vendredi... si ce n'est une
volonté cachée de s'en prendre à une religion en particulier, sous
couvert de la laïcité. Pourquoi ce projet politique de supprimer
les plats sans-porcs est-il autant relié par l'opinion publique à
la religion musulmane ? Après tout, en supprimant les menus de
substitutions, responsables politiques s'attaquent tout autant aux
enfants de confessions juive. Pourtant, dans l'esprit du grand
public, une seule population est visée. Et qu'en est-il des autres
religions (le bouddhisme, hindouisme...) ?
Ne plus proposer d'alternatives aux plats, quels qu'ils soient, revient à pénaliser des enfants au nom
de leur religion, ce qui est fondamentalement contraire à la
laïcité et à la France.
Enfin, et ne les oublions, combien
d'enfants sont allergiques à certains plats (viandes, œufs...) ?
Combien d'enfants sont végétariens (ou autres) ?
Jusqu'où doit
aller cette ségrégation culinaire ?
Combien d'enfants
doivent-ils subir les conséquences d'un projet purement
électoraliste, contraire au principe de la laïcité, contraire aux
valeurs véhiculées par l'école, et contraire au droit de
l'enfant ?
Le grand public ne doit pas se
laisser aveugler par des discours opportunistes, discriminatoires et
ségrégationnistes. Bien au contraire, il doit voir au delà des
mots utilisés, afin de comprendre que ce genre de projet est en fait
motivé par des idéologies immorales, nationalistes et liberticides.
Posons-nous la question suivante :
quel sera l'état d'esprit de ces enfants privés de repas pour un
motif qu'ils jugent (à raison) injuste, qu'ils subissent et qui les excluent
(encore plus) de la société, une fois devenus adultes ?
Jergame, le 19 mars 2015.
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