jeudi 19 mars 2015

[Brève d'Actu] Menus de substitutions: mesure de subdivisions ?

Avant-propos : Brèves d'Actu est un nouveau concept dans lequel je vais tâcher de reprendre un sujet d'actualité qui me tient à cœur en le commentant et si nécessaire en le critiquant. Mon propos ne sera pas spécialement structuré, et le développement sera limité. Afin de permettre la brièveté et la régularité de ce type d'article, je fais le choix de ne pas faire de recherches approfondies et de ne pas citer les éventuelles déclarations des différents protagonistes. L'idée ici n'est pas de fournir un argumentaire très fourni, mais plutôt de mettre en avant, de manière claire et synthétique, les idées et/ou les incohérences du sujet abordé telles qu'elles m'ont interpellé.

Menus de substitutions: mesure de subdivisions ?

Depuis quelques jours une question de nourriture est au menu des médias et des politiciens, mais y-en a-t-il vraiment de quoi faire tout un plat ?
L'idée qui fait débat n'est pourtant pas nouvelle, elle avait d'ailleurs déjà refait surface il y a quelques mois, notamment suite aux élections municipales de mars 2014.
Concrètement, les repas de substitutions proposés dans les cantines sont remis en causes, principalement par des maires et des politiques plus ou moins connus.

Mais qu'est-ce qu'un menu de substitution ?
Il s'agit de menus offrant une alternative au contenu du plat principal, et plus particulièrement au niveau de la viande. Dans les faits, du bœuf, du poisson ou encore de l'agneau sont proposés à la place du porc.

Alors pourquoi vouloir retirer les plats de substitution ?
Les arguments avancés sont plutôt simples : les collectivités territoriales n'auraient pas à adapter les menus de leurs cantines selon les coutumes, les cultures et les pratiques religieuses des enfants d'autant plus au sein de l'école laïque, surtout que ces menus représentent un coût pour les collectivités territoriales.
Sauf que derrière ces propos d’apparence logiques se cachent incohérences et sous-entendus.

Dans un premier temps, la laïcité, c'est bien beau comme argument, mais c'est quoi déjà 
La laïcité c'est tout simplement d'autoriser tout à chacun d'avoir la religion qu'il souhaite et de pouvoir la pratiquer, ce n'est en aucun cas d'interdire les religions (on ne parlera ici pas du port des signes religieux distinctifs dans les écoles).

Or, si l'on refuse les menus sans-porc sous prétexte de laïcité, que dire du traditionnel et omniprésent poisson dans les assiettes du vendredi ? N'est-ce pas tout droit issu de la pratique chrétienne ? Alors comment autoriser, pour ne pas dire sanctuariser, un rituel religieux d'un côté tout en empêchant le respect d'une croyance de l'autre ?
Maintenant, voyons une autre approche. Sans entrer dans le débat des sensibilités politiques des responsables ayant fait ces propositions, qui est potentiellement visé ? Quelle population serait victime de la fin des plats sans-porcs, à première vue ? À l'approche des élections, la tentation de récupérer des voix en jouant sur la peur de l'étranger et sur les avantages sociaux auxquels ces derniers auraient droit est grande... (comprendre :  « regardez, ces étrangers font changer le menu de la cantine de vos enfants sous prétexte de leur religion, je propose d'y mettre fin, votez pour moi ! »). 

Comme je l'ai dit plus haut, la focalisation se fait sur un aspect spécifique des menus, on peut légitimement se demander pourquoi un tel discours n'est pas tenu à propos du poisson du vendredi... si ce n'est une volonté cachée de s'en prendre à une religion en particulier, sous couvert de la laïcité. Pourquoi ce projet politique de supprimer les plats sans-porcs est-il autant relié par l'opinion publique à la religion musulmane ? Après tout, en supprimant les menus de substitutions, responsables politiques s'attaquent tout autant aux enfants de confessions juive. Pourtant, dans l'esprit du grand public, une seule population est visée. Et qu'en est-il des autres religions (le bouddhisme, hindouisme...) ?
Ne plus proposer d'alternatives aux plats, quels qu'ils soient, revient à pénaliser des enfants au nom de leur religion, ce qui est fondamentalement contraire à la laïcité et à la France.

Enfin, et ne les oublions, combien d'enfants sont allergiques à certains plats (viandes, œufs...) ? Combien d'enfants sont végétariens (ou autres) ? 
Jusqu'où doit aller cette ségrégation culinaire ?
Combien d'enfants doivent-ils subir les conséquences d'un projet purement électoraliste, contraire au principe de la laïcité, contraire aux valeurs véhiculées par l'école, et contraire au droit de l'enfant ?

Le grand public ne doit pas se laisser aveugler par des discours opportunistes, discriminatoires et ségrégationnistes. Bien au contraire, il doit voir au delà des mots utilisés, afin de comprendre que ce genre de projet est en fait motivé par des idéologies immorales, nationalistes et liberticides.

Posons-nous la question suivante : quel sera l'état d'esprit de ces enfants privés de repas pour un motif qu'ils jugent (à raison) injuste, qu'ils subissent et qui les excluent (encore plus) de la société, une fois devenus adultes ?

Jergame, le 19 mars 2015.

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