samedi 27 avril 2013

Cendrillon

Avant-propos:  L'expression par le conte est une forme comme une autre permettant le dépassement de soi et la prise de parole en public. De plus, sous sa forme écrite, cette matière peut nous amener à étudier des contes, qu'ils soit connus ou non, anciens ou récents, originaux ou revisités.


Cendrillon – Joël Pommerat, Actes Sud, 2012.


Selon-vous, qu'est-ce que Joël Pommerat apporte au conte Cendrillon avec sa réécriture ?

  Si le conte de Cendrillon est principalement connu de part les écrits de Charles Perrault et des frères Grimm, il a depuis le temps été modifié de nombreuses fois. La version de Joël Pommerat fait partie de ces réécritures.
Quels sont les changements amenés par Joël Pommerat dans le récit de Cendrillon ? En quoi cela créé une nouvelle vision de l’œuvre ?
Nous verrons dans un premier temps que Joël Pommerat apporte de la modernité dans le fond de l'histoire tout en gardant les principaux éléments du conte puis nous analyserons les modifications et les effets apportés à travers la forme de cette réadaptation.

I. Un conte moderne mais fidèle
   Pourquoi dire qu'ici Cendrillon est revisité avec modernité ? Lire l'adaptation de Pommerat permet de se rendre compte qu'elle pourrait très bien (à quelques détails près) se dérouler durant le XXème ou le XXIème siècle contrairement à l'une des versions d'origines. En effet, on imagine difficilement des personnages de Perrault ou des Grimm utiliser un téléphone, comme c'est le cas ici. À cela s'ajoute d'autres détails comme les voitures (qu'on suppose motorisées) ou encore les cigarettes.
Au niveau des mœurs, l'auteur à introduit des notions plutôt contemporaines de notre époque qui n'étaient pas abordées dans les œuvres initiales. L'exemple le plus flagrant est sans doute l'idée du second mariage (pour le père) avec l'implication de créer une famille recomposée, Il est aussi admit à la fin, que Cendrillon et le prince ne sont plus ensemble pour diverses raisons sans que cela ne leur pose réellement problème, il y a donc une sorte de rupture avec la logique habituelle qui veut « qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ».
On peut penser que ces nouvelles références permettent au jeune lecteur de ne pas être perdu car elles se rattachent à quelque chose qu'il peut trouver autour de lui de nos jours, mais elles invitent aussi le lecteur plus âgé à une relecture du conte qui peut lui sembler moins enfantine, moins daté et donc plus réaliste.
Pour rester dans cette idée d'une nouvelle vision, on peut noter qu'il y a relativement peu de place de laissé au féerique. En effet, le rôle de la Fée est plus que secondaire, elle ne semble pas (ou peu) disposé de « magie magique » en faisant des tentatives de magie amateur (avec les cartes), pourtant la boite magique semble fonctionner. On peut imaginer qu'ici l'auteur à souhaiter donner moins d'importance au côté magique du conte en décrédibilisant en parti la fée.
Malgré toutes ces modifications, on constate que certains aspects sont encore présents et permettent la reconnaissance du conte de Cendrillon. Il y a tout d'abord les personnages clés, le prince, la belle-mère, la fée etc... mais aussi la référence à la chaussure perdue, la fête, les coups de minuits, même si ils n'ont pas la même importance. Autre point et non l'un des moindres, le message derrière le conte, ou autrement dit la morale. Même si elle n'est pas identique à l'originale, elle reste présente. Ici, les morales abordent les valeurs contemporaines comme le culte de la personnalité (pour la belle-mère), l'importance donnée à l’apparence, l'incompréhension de la jeune fille due à son âge, le mystère et le respect autour de la mort d'une personne proche (les mères), le courage qu'il faut avoir pour le supporter, le fait de réfléchir de sois même sans se contenter d'uniquement écouter les autres

II. Un conte théâtrale
   Nul doute que l'une des premières choses qui nous interpelle lors de la lecture de l'adaptation de Pommerat réside dans sa forme de pièce de théâtre. La division de l’œuvre en deux parties, elles mêmes composées de plusieurs actes, l'utilisation des didascalies pour présenter, introduire et décrire les personnages sont autant d'indices qui ne trompent pas. La disposition théâtrale permet une vision des entrées et sorties des personnages, avec des comiques de situations et visuels.
Par rapport aux personnages, leurs noms sont définis par leurs statu et non leurs prénom, par exemple « la femme du père de la très jeune fille » au lieu de la nommée « la belle-mère ».
Une autre forme théâtrale réside dans le langage et le ton utilisé, à savoir un langage familier, grossier, sur fond d'humour noir et de cynisme. Aux paroles s'ajoutent les actes, avec la mise en scène que cela laisse supposé, dans un aspect sombre (oiseaux morts, basses besognes avec taches ménagères ingrates).

   Avec la réécriture de Joël Pommerat, Cendrillon devient un conte moderne, contemporain, il est remit au goût du jour sans pour autant être dénaturé, car il reste d'une certaine manière fidèle aux valeurs transmises dans les premières versions. Le choix fait par l'auteur d'utiliser la forme d'une pièce de théâtre donne à l’œuvre un aspect nouveau, notamment en appuyant les caractères des personnages et les relations qui unissent ceux-ci.

Jergame - Avril 2013

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